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Couple et finances : conjoint dépensier vs économe

Les finances peuvent souvent être un point de discorde dans les couples, et ce particulièrement lorsqu'un conjoint est dépensier alors que l'autre est économe. Mais n'ayez crainte, il y a des solutions!

Par Fonds de solidarité FTQ

L'argent est souvent un sujet délicat à aborder dans un couple. En effet, il peut être ardu d'établir un budget commun et de le respecter lorsque les deux conjoints n'ont pas la même vision des finances. Or, pour protéger la relation, il est important de trouver un terrain d'entente, et ce, même lorsqu'un conjoint est dépensier et que l'autre est économe. Comment y arriver? Voici quelques témoignages de personnes qui vivent cette situation et des pistes de solutions proposées par Annie Claude De Paoli, avocate et médiatrice familiale.

Communiquer pour trouver un consensus plutôt qu'un nouveau conjoint

Que vous soyez le conjoint dépensier ou économe, vous avez tout avantage à établir une bonne communication dans votre couple sur les questions financières. Cela peut contribuer à l'atteinte d'un meilleur équilibre dans votre budget familial et vous aider à préserver l'harmonie dans votre relation. Voici trois témoignages de personnes qui ont vécu cette situation et des pistes de solution pour trouver des terrains d'entente.

Mon conjoint est pris dans le piège du crédit

Danielle et son conjoint ont une maison de même qu'une marge de crédit conjointe de 5 000 $. « Pour moi, cette marge est à utiliser seulement en cas de pépin, mais ce n'est pas le cas pour lui, dit-elle. Il l'a dépassée deux fois parce qu'il n'arrivait pas à boucler ses fins de mois. Pourtant nous avons des salaires semblables. L'argent lui brûle les doigts », précise Danielle. Pour Annie Claude De Paoli, la marge de crédit peut être un problème, surtout si un des deux conjoints est en difficulté financière. « C'est de l'argent trop facilement accessible », dit-elle. L'avocate et médiatrice suggère plutôt de garnir à deux un compte d'épargne libre d'impôt (CELI) à utiliser en cas de besoin.

Si vous optez tout de même pour une marge de crédit conjointe, Annie Claude De Paoli suggère de déterminer clairement à deux à quoi elle pourra servir.

« Il ne faut pas en déroger, souligne-t-elle. Parce que le risque avec une marge de crédit aux deux noms est que si le conjoint ne rembourse pas ce qu'il doit, le créancier se tournera vers l'autre. » Le couple a aussi un compte conjoint pour l'hypothèque. Annie Claude De Paoli trouve que c'est une bonne idée, mais elle ajouterait toutes les dépenses communes. « Ensuite, chaque conjoint prend ce qu'il lui reste en poche pour ses dépenses personnelles sans que ses décisions affectent l'autre. »

Finalement, Danielle a fait signer un contrat maison pour amener son conjoint à faire une consolidation de dettes, à garder une seule carte de crédit sans l'utiliser, puis à rembourser leur marge de crédit. « C'était important pour moi de l'aider, et notre couple est ressorti plus fort », affirme-t-elle. Annie Claude De Paoli conseille pour sa part de mettre le tout par écrit dans un contrat de vie communeAttention, ce lien ouvrira un nouvel onglet. entre conjoints de fait en indiquant clairement qui paye quoi. « Comme ça, c'est signé et les deux conjoints savent où ils s'en vont. Ça peut aussi beaucoup aider en cas de séparation », précise Annie Claude De Paoli.

Couple qui boit un café tout en discutant de finances personnelles.

J'investis mon argent, alors que ma conjointe achète des objets

Sylvain investit son argent dans la maison familiale et dans son REER, alors que son épouse préfère se faire plaisir en achetant des objets. « Par exemple, on a organisé un cocktail dans notre jardin l'été dernier et elle en a profité pour acheter un nouveau barbecue et une nouvelle chaîne stéréo », raconte Sylvain, non sans une pointe d'amusement. Le grand défi derrière ce genre d'enjeu est d'arriver à concilier deux visions fort différentes de l'argent. 

« Il y a toujours moyen d'arriver à être sur la même longueur d'onde avec son conjoint lorsqu'on se parle, affirme Annie Claude De Paoli. Pour que ce soit possible, il faut écouter l'autre, se mettre à sa place, peser les pour et les contre, faire des compromis et bien planifier ses finances. »

Comme l'avocate et médiatrice l'a recommandé à Danielle, le couple s'est finalement entendu pour payer d'abord les dépenses communes, soit l'hypothèque, l'épicerie, les études et le REEE de leur enfant. Ils ont convenu que le reste de l'argent était discrétionnaire à chacun. Selon Annie Claude De Paoli, le couple devrait aussi inclure ses REER dans ses dépenses communes. En effet, les sommes accumulées dans les REER des époux pendant le mariage font partie du patrimoine familialAttention, ce lien ouvrira un nouvel onglet.Attention, ce lien ouvrira un nouvel onglet.Attention, ce lien ouvrira un nouvel onglet.Attention, ce lien ouvrira un nouvel onglet., donc normalement, elles sont séparées également entre les deux conjoints en cas de divorce. Elle suggère alors aux époux de s'entendre sur un montant annuel à investir dans leurs REER, puis à mettre en place des prélèvements automatiques. « L'idéal est de mettre cette entente par écrit, indique Annie Claude De Paoli. Ainsi, si l'un des deux ne respecte pas l'entente, le document pourrait aider en cas de divorce. »

Mon conjoint dépense sans compter pour notre enfant

Avec l'arrivée de leur enfant, Mylène et son mari ont eu plusieurs nouvelles dépenses liées à l'ameublement, aux vêtements, aux soins, etc. « Mon conjoint veut toujours le meilleur pour son fils et il peut dépenser sans compter », affirme Mylène. De son côté, pour des raisons économiques et environnementales, elle préfère opter pour des produits de seconde main. Ils ont dû discuter pour trouver un consensus. D'après Annie Claude De Paoli, Mylène et son mari ont la chance d'arriver à se parler. « Avant d'avoir un enfant, les deux parents devraient effectivement regarder les dépenses essentielles qu'ils auront à faire et établir un budget minimum pour couvrir ces frais. Ils pourront déterminer par la suite la part que chacun aura à payer au prorata des salaires, par exemple, et verser leur argent dans un compte conjoint destiné aux dépenses pour l'enfant », conseille-t-elle.

Le mari de Mylène a finalement accepté d'acheter certains articles usagés en très bon état et elle a accepté du neuf pour des questions d'hygiène et de sécurité. « Plus tard, il faudra se poser la question de l'école, privée ou publique, souligne-t-elle. Nous devons toujours bien communiquer pour faire les meilleurs choix tout en nous respectant. »

« Une fois que l'essentiel est payé, si un des parents souhaite dépenser davantage pour un élément, rien ne l'en empêche, affirme Annie Claude De Paoli. C'est un peu le même principe que dans le cas des parents séparés, avec la pension alimentaireAttention, ce lien ouvrira un nouvel onglet.Attention, ce lien ouvrira un nouvel onglet.Attention, ce lien ouvrira un nouvel onglet.Attention, ce lien ouvrira un nouvel onglet. qui couvre les besoins de base de l'enfant à laquelle on ajoute les frais particuliers, comme l'école privée, les soins d'orthodontie, etc. »

 
Finalement, que ce soit parce que votre conjoint s'endette ou que vos priorités financières diffèrent, l'important est d'établir une bonne communication. Ainsi, vous pourrez vous entendre sur vos dépenses communes et sur vos objectifs d'épargne. Bien sûr, il est toujours conseillé d'avoir recours à un notaire ou à un avocat pour mettre le tout par écrit. Ainsi, vous mettez toutes les chances de votre côté pour que l'amour triomphe sur les enjeux financiers. Et qui sait, le fait de marier deux visions différentes des finances s’avérera peut-être une force qui vous permettra de trouver un équilibre dans votre couple.

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