Travailleur autonome et impôts : 5 pièges à éviter pour mieux épargner
Optimisez votre épargne-retraite tout en évitant les mauvaises surprises avec vos impôts.
La réalité financière des travailleurs autonomes n'est pas la même que celle des salariés, ce qui fait qu'ils doivent développer une stratégie de gestion de leurs finances propre à leur situation. Si vous avez choisi d'être votre propre patron, vous pouvez favoriser la bonne santé de vos finances en faisant de la fiscalité votre alliée. D'ailleurs, saviez-vous que vous avez droit à des déductions fiscales pour travailleurs autonomes? Un élément qui peut vous aider à optimiser votre capacité à épargner, entre autres, pour la retraite. Pour rendre cette tâche plus facile, voici les principaux pièges fiscaux à éviter.
01Négliger certaines déductions fiscales
En ne profitant pas de toutes les déductions fiscales auxquelles ils ont droit, certains travailleurs autonomes laissent beaucoup d'argent sur la table. Il est important de savoir que vous pouvez réduire l'impôt sur vos profits en déduisant plusieurs dépenses de vos revenus. Par exemple, celles liées à vos fournitures de bureau, à vos frais de télécommunications ou, encore, à vos souscriptions à un ordre ou à des organismes professionnels. Et ce n'est pas tout! Les soupers payés lors du démarchage de nouveaux clients, les coûts de déplacement ou d'inscription à des conférences ou ateliers de perfectionnement professionnel sont des dépenses qui peuvent entrer dans la réduction de vos profits, normalement imposés. Même les créances irrécouvrables de vos clients peuvent être déduites...
Cependant, vous devez faire attention de bien déduire uniquement ce dont vous avez besoin. En effet, si vous réduisez votre revenu net à l'aide de vos dépenses, vos droits de cotisation au REER ou d'éventuelles prestations sociales pourraient être également réduits. Par exemple, en ne cotisant pas suffisamment, vous pourriez ne pas pouvoir bénéficier au maximum de vos prestations d'assurance-emploi ou vous pourriez subir une réduction de vos prestations de la Régie des Rentes du Québec (RRQ) à la retraite.
02Oublier de réduire son revenu imposable avec ses cotisations au REER
Tout comme les salariés, en tant que travailleur autonome, vous pouvez bénéficier d'économies d'impôt lorsque vous cotisez à votre REER. Les remboursements d'impôt ne sont pas à négliger et pourraient également être très intéressants pour compléter vos revenus ou constituer un coussin financier. Par exemple, si vous avez un revenu annuel de 60 000 $, en cotisant 5 000 $ à votre REER, c'est 36,1 % d'impôt que vous pourriez épargner en combinant les déductions d'impôts fédéral et provincial. C'est donc 1 805 $ que vous recevriez, en plus d'économiser pour votre retraite1.
Comme les travailleurs autonomes n'ont pas accès à un fonds de pension d'employeur, contrairement à certains salariés, ils doivent s'occuper seuls de planifier leur retraite. En optimisant vos cotisations REER, il vous est alors possible de bénéficier dès aujourd'hui de vos économies d'impôt, en plus d'épargner pour vos vieux jours.
Les avantages de l'épargne automatique
L'épargne automatique, par l'entremise de prélèvements bancaires automatiques, peut être une solution pratique pour atteindre votre objectif financier. En choisissant le montant qui vous convient pour cotiser à votre REER, selon la fréquence souhaitée, vous vous assurez de contribuer à votre épargne-retraite sans que cela ne devienne un stress financier.
Commencez par le plus petit montant possible pour vous, 50 $ par semaine par exemple, et modifiez-le selon vos besoins et votre réalité. Comme les cotisations au REER donnent droit à des déductions fiscales, vous pourriez ensuite compter sur un remboursement d'impôt : votre 50 $ par semaine vous en coûtera finalement moins. En plus, vous développerez une bonne habitude d'épargne sans vous en rendre compte!
03Ne pas équilibrer son revenu et ses cotisations au RRQ et au REER
C'est incontournable : dès que l'on gagne un revenu, on doit payer de l'impôt et des cotisations. Pourtant, gagner plus d'argent permet d'économiser plus! Pour en tirer le maximum et épargner pour sa retraite, il faut s'assurer de bien tout équilibrer. Cotiser au Régime des rentes du Québec (RRQ) permet de bénéficier d'une rente stable et prévisible, peu importe les marchés. Cependant, les cotisations peuvent vous coûter très cher en tant que travailleur autonome, car vous devez couvrir les portions de l'employé et de l'employeur. De ce fait, vous pourriez être tenté de vous verser uniquement des dividendes comme revenus, plutôt qu'un salaire, et d'éviter ainsi de cotiser au RRQ. Cela peut vous paraître moins intéressant puisque seul votre salaire vous permet d'accumuler des droits de cotisation REER équivalant à 18 % de celui de l'année précédente (jusqu'à un maximum de 31 560 $ en 2024). Vous réduisez donc votre capacité à économiser de l'impôt!
Selon vos revenus et votre plan de retraite, il pourrait par exemple être profitable de vous verser un salaire pour accumuler des droits de cotisation au REER pour l'année, tout en cotisant au RRQ. Vous pourriez vous assurer d'une rente stable et prévisible du RRQ qui sera complémentaire à votre REER à la retraite. Vous pourriez bonifier le reste de vos revenus en vous versant plutôt des dividendes et ainsi payer moins d'impôt sur cette portion de votre revenu. Votre situation personnelle et vos objectifs sont uniques, votre stratégie fiscale devrait l'être autant! Vous gagnerez à en discuter avec votre conseiller financier.
04Délaisser le remboursement des taxes de vente
Tous les travailleurs autonomes qui génèrent plus de 30 000 $ de vente pour l'ensemble des 4 trimestres consécutifs doivent s'inscrire au fichier de la TPS et de la TVQ de Revenu Québec et prélever les taxes de vente. Si vos ventes sont inférieures à 30 000 $, vous inscrire n'est pas obligatoire, mais le faire vous permet de bénéficier d'avantages intéressants. En effet, lorsque vous prélevez des taxes sur vos ventes, vous ne faites pas que les reverser aux gouvernements, vous avez aussi la possibilité d'obtenir des crédits et des remboursements d'impôt.
En faisant la somme des dépenses pour lesquelles vous avez payé des taxes, vous pourrez calculer le remboursement de taxe sur vos intrants (RTI) que Revenu Québec vous remboursera. Vous pourrez faire de même avec le gouvernement fédéral qui vous donnera un crédit de taxe sur vos intrants (CTI). En cumulant les deux, c'est près de 15 % que vous économiserez sur vos achats tout au long de l'année.
05Omettre de se créer un coussin financier et payer des intérêts plutôt qu'en générer
Il est bien connu que les revenus des travailleurs autonomes peuvent varier grandement dans le temps. De plus, des dépenses imprévues peuvent survenir, comme la couverture de créances irrécouvrables ou un solde d'impôt à payer. Il est donc important d'accumuler des économies pour les périodes plus difficiles tout en s'assurant de respecter ses obligations. Vous pourrez ainsi puiser dans votre coussin financier plutôt que de devoir emprunter sur vos cartes ou marges de crédit, ou devoir payer vos impôts en retard et encourir des intérêts. Mieux encore, vous pourriez générer des revenus d'intérêt sur vos économies en les plaçant, par exemple, dans un compte à intérêt élevé en attendant d'en avoir besoin.
Vous aurez alors la quiétude de toujours pouvoir payer vos factures même si vos revenus ne sont pas au rendez-vous et d'éviter ainsi de vous endetter, tout en faisant fructifier une partie de vos avoirs.
Il n'y a pas de doute, préparer ses impôts pour un travailleur autonome est une charge importante. Pour simplifier le tout et éviter les mauvaises surprises, plusieurs prévoient le coup tout au long de l'année en organisant fréquemment tous leurs documents, comme les factures, les reçus et les paiements provisionnels faits. Si vous adoptez cette démarche, vous pourrez alléger votre charge mentale tout en vous assurant d'éviter des pièges fiscaux, de maximiser vos économies et, surtout, de ne pas être pris au dépourvu lors d'une vérification fiscale!