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4 questions à se poser avant de devenir travailleur autonome

Vous souhaitez être votre propre patron en devenant travailleur autonome au Québec? Posez-vous d'abord quelques questions avant de prendre cette décision.

Par Fonds de solidarité FTQ

Le travail autonome vous attire, mais vous ne savez pas s'il est fait pour vous? Il faut dire que de plus en plus de Québécois sont travailleurs autonomes ou songent à le devenir, en particulier ceux dans la tranche d'âge de 18 à 34 ans. En effet, selon Statistique Canada, en 2019, sur les 4,3 millions de travailleurs de la province, 3,7 millions étaient salariés et 567 900 étaient autonomes (environ 13 %), un chiffre en constante progression ces dernières années.

Les différences avec le statut de salarié sont notables et c'est un mode de vie professionnel qui comporte plusieurs avantages, mais mieux vaut savoir à quoi s'attendre avant de faire le grand saut.

01La pleine autonomie, est-ce réellement pour vous?

Le travail autonome équivaut à être son propre patron. Par conséquent, vous devrez organiser votre horaire selon vos besoins et avoir la flexibilité nécessaire pour conjuguer plus facilement vie professionnelle et vie personnelle. Vous aurez aussi le contrôle sur votre lieu de travail. Autrement dit, au lieu de devoir vous rendre dans les bureaux de l'entreprise, vous pourriez travailler à votre domicile, dans un espace de travail partagé ou même au café du coin! Vous serez également maître de vos congés et vacances.

Toutefois, soyez conscient que cette liberté a un prix… Ainsi, les vacances sont à vos frais puisque vous ne bénéficiez pas de congés payés. Il faudra donc bien vous organiser et profiter, par exemple, d'une période plus creuse dans vos contrats pour souffler un peu.

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02Savez-vous planifier un budget… et le respecter?

Lorsqu'on est travailleur autonome, les revenus peuvent fluctuer d'un mois à l'autre. Ils varient au gré des contrats et des honoraires que l'on a réussi à négocier. Les dépenses associées au travail peuvent aussi augmenter ponctuellement, quand on doit faire un voyage d'affaires ou se procurer un nouvel ordinateur, par exemple.

Pour faire face à ces changements imprévisibles, il est recommandé de vous constituer un coussin de sécurité. Il vous permettra de traverser les périodes plus difficiles ou de pallier les sorties d'argent inattendues. De plus, il est aussi judicieux de mettre de côté chaque mois un certain pourcentage de vos revenus – à évaluer avec un comptable ou un fiscaliste – afin de pouvoir payer l'impôt au moment de la production des déclarations de revenus. Les salariés paient l'impôt à même les retenues sur la paie, alors que les travailleurs autonomes n'en paient qu'une fois par année, lorsqu'ils déclarent leurs revenus. Pour éviter de mauvaises surprises, mieux vaut alors se préparer à payer cette somme tout au long de l'année. Vous pourriez procéder de la même façon si vous êtes assujettis à des acomptes provisionnels. Ces derniers sont des versements partiels que vous faites chaque trimestre, par exemple, afin de payer l'impôt sur le revenu qui ne fait pas l'objet de retenues à la source. Cela permet d'étaler vos paiements et de payer vos cotisations gouvernementales tout au long de l'année.

Avantages sociaux et épargne retraite

Contrairement aux salariés qui bénéficient de certains avantages sociaux, les travailleurs autonomes ne peuvent compter que sur eux-mêmes. D'où l'importance d'avoir une solide discipline budgétaire et de se montrer prévoyant lorsqu'on est son propre patron.

Pour leur retraite, les travailleurs autonomes doivent aussi savoir planifier. Or, quand on court après les contrats et que l'on a parfois dû s'endetter pour se lancer en affaires, épargner pour ses vieux jours arrive bien souvent à la fin de la liste des priorités… Pourtant, il est important de s'y prendre tôt, même s'il s'agit de petits montants, afin de bénéficier du rendement potentiel de ses placements à long terme et des intérêts composés grâce auxquels les montants s'accumulent plus vite. Le REER et le CELI font partie des véhicules de placement qui pourraient vous offrir des avantages fiscaux, selon votre situation.

Avoir recours à l'épargne automatique

L'épargne automatique est une méthode d'épargne qui pourrait être avantageuse pour vous. En incluant une cotisation à votre REER dans vos dépenses mensuelles (ou selon la fréquence de votre choix), vous pouvez plus facilement épargner sans vous en rendre compte. Ça revient à cette idée bien connue de vous payer en premier! Vous n'avez qu'à établir le montant qui convient et à programmer des prélèvements bancaires automatiques. Sachez que vous pouvez aussi les modifier en cours d'année, selon vos besoins.

Ainsi, en cotisant 96 $ par semaine, vous pourriez épargner près de 5 000 $ en une année.

De plus, à moins qu'elles n'aient des assurances personnelles, les personnes qui travaillent à leur compte devront assumer tous les frais reliés à leur santé, comme les soins dentaires, d'optométrie, de physiothérapie, etc. Les salariés quant à eux, peuvent souvent compter sur des assurances collectives dont la couverture peut varier d'un employeur à l'autre : assurance maladie, assurance vie, assurance dentaire, assurance invalidité, par exemple. Ils peuvent aussi avoir accès à des congés payés et à plusieurs autres avantages, comme l'assurance-emploi, un régime de retraite, le remboursement des frais de transport, etc.

Enfin, sachez aussi qu'en plus de l'impôt, les travailleurs autonomes doivent payer la totalité de leur cotisation au RRQ. En effet, les salariés ne paient que 50 % du montant, alors que l'autre moitié est assurée par leur employeur. La cotisation totale représente 11,4 % des revenus annuels. Les travailleurs autonomes doivent donc payer eux-mêmes l'entièreté de ce montant s'ils veulent participer au RRQ et pouvoir en profiter une fois à la retraite.

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03Êtes-vous bien informé sur les différences fiscales?

Les travailleurs autonomes peuvent bénéficier d'un régime fiscal bien distinct du salarié. Ainsi, ils peuvent créer une entreprise individuelle ou encore une société par actions (compagnie). Les deux comportent des avantages et des inconvénients et il est préférable de s'informer auprès d'un fiscaliste ou d'un comptable afin de choisir la forme juridique la plus appropriée. L'incorporation est une démarche qui entraîne des frais juridiques, mais en revanche elle peut réduire le taux d'imposition si les revenus sont élevés et diminuer les risques personnels en cas de difficultés financières.

Par ailleurs, si vos revenus annuels dépassent 30 000 $, vous devrez vous inscrire au registre de la TPS et de la TVQ et produire les déclarations reliées à ces taxes. Bonne nouvelle : à partir de ce moment-là, vous pourrez récupérer les taxes sur les dépenses admissibles que vous aurez effectuées.

Faites-vous accompagner par un professionnel. Plusieurs comptables sont spécialisés dans le travail autonome; ils pourront vous guider afin d'optimiser votre situation financière et de faire les bons choix.

Des déductions fiscales sur mesure

Compte tenu de leur statut fiscal différent et du fait qu'ils doivent débourser pour assurer leur propre emploi, les travailleurs autonomes ont droit à des déductions accordées par Revenu Québec et l'Agence de revenu du Canada auxquelles les particuliers n'ont pas droit. Ainsi, vous pourriez déduire une partie des frais reliés à un bureau à domicile, à l'achat de fournitures et d'outils nécessaires au travail, aux transport et voyages d'affaires, aux frais de télécommunications, aux frais de cotisation annuelle à un ordre professionnel, aux coûts de participation à des activités de formation, etc. Même les créances non recouvrables de clients peuvent être déduites. Veillez à ne pas en oublier!

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04Êtes-vous prêt à gérer la recherche de contrats et les relations avec les clients?

En tant qu'entrepreneur, il faut savoir respecter les échéanciers, être multitâche, faire preuve d'une bonne dose de confiance en soi et d'optimisme, en plus d'avoir de l'entregent. Si cela constitue un défi, c'est aussi très stimulant. D'ailleurs, être salarié comporte également son lot d'enjeux personnels.

Si vous décidez de devenir travailleur autonome, vous devrez faire en sorte d'avoir un roulement de contrats suffisant pour générer des revenus. En plus des activités quotidiennes, le développement d'affaires est donc un incontournable.

Il faut alors être prêt à porter plusieurs chapeaux : recherche et négociation de contrats, relations avec les clients, facturation, marketing, alouette!

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Maintenant que vous avez passé en revue les différents éléments à prendre à considération, vous voilà bien outillé pour déterminer ce qui vous convient le mieux, en fonction de vos aspirations professionnelles et de vos besoins.

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