Ma maison 10 min

Acheter une maison seul, à deux, ou vivre chez son conjoint?

Quand vient le temps de choisir où vivre, selon votre statut amoureux, vous pouvez décider d'acheter une propriété en solo, avec un conjoint dont la situation financière peut être bien différente de la vôtre ou encore emménager dans la maison de l'autre. Petit mode d'emploi et témoignages pour vous aider à vous y retrouver!

Par Fonds de solidarité FTQ

Acheter une propriété vient avec son lot de questions et de décisions. Il faut bien sûr penser à la mise de fonds, au prêt hypothécaire et, parfois, à sa situation amoureuse… Qu'arrivera-t-il si vous achetez seul(e) et que vous rencontrez quelqu'un? Et si vous vous installez dans la propriété de votre conjoint? Ou si vous achetez une propriété ensemble, mais que vous avez une grande disparité de revenu? Ou encore si seulement vous ou votre conjoint avez des dettes? Ce genre de situation arrive fréquemment. Découvrez les témoignages de personnes qui se sont retrouvées dans ces circonstances ainsi que les options à envisager.

Acheter une maison seul(e)

Il y a quelque chose de gratifiant à acheter seul(e) sa propriété, mais cela vient avec plusieurs défis, dont celui d'amasser une mise de fonds suffisante. Pour faciliter l'achat d'une première maison, le régime d'accession à la propriété (RAP) permet de retirer un maximum de 60 000 $ de ses REER. En vertu du RAP, un couple a ainsi accès à un montant allant jusqu'à 120 000 $ pour sa mise de fonds, ce qui est non négligeable. En achetant en solo, il faut donc épargner le reste de sa mise de fonds au moyen d'autres véhicules d'épargnes que le REER et le CELI, et il faut parfois s'armer de patience puisqu'on ne bénéficie pas du coup de pouce du remboursement d'impôt sur les montants économisés. En contrepartie, en achetant seul(e), on a généralement besoin d'une propriété moins grande, donc plus abordable.

Prévoir les frais inhérents à l'achat

En plus de l'hypothèque, il vous faudra assumer en solo plusieurs frais liés à l'achat d'une propriété comme :

  • Les frais d'inspection
  • Les frais de notaire
  • La taxe de mutation (ou de bienvenue)
  • Les taxes municipales et scolaires
  • Les frais de condo, le cas échéant

Marie-Claude a osé se lancer dans l'aventure seule. Pour voir si elle faisait une bonne affaire, elle a additionné tous les frais et les dépenses courantes qu'elle aurait à payer, en excluant le capital versé, et a divisé le total par le nombre de mois pendant lesquels elle prévoyait garder son condo, soit au moins 36. Cela lui a donné un montant mensuel qu'elle ne pourrait pas récupérer à la vente de sa propriété, qu'elle a ensuite comparé avec le prix des logements à louer dans le quartier où elle voulait s'établir. « Si je trouvais un logement qui me coûtait moins cher que tous les frais et les dépenses courantes que je ne pourrais recouvrer à la vente, ça pouvait être avantageux de ne pas acheter, raconte-t-elle. Autrement, c'était une bonne idée de le faire. C'est en partie ce qui m'a aidée à prendre une décision. J'avais aussi envie de posséder un endroit à moi. » De plus, elle avait de bonnes chances de réaliser un profit lors de la revente, la valeur des propriétés étant à la hausse. Par contre, Marie-Claude se questionnait sur son statut de célibataire. « Sera-t-il plus compliqué d'emménager avec quelqu'un dans un futur plus ou moins lointain, sachant que mon condo sera toujours le mien, que ce serait toujours chez moi? Je n'ai pas vraiment trouvé de réponse à mes questions, mais je me suis dit que je serais heureuse chez moi, que je devais vivre pour et par moi et éviter de me projeter dans des situations hypothétiques… »

Opter pour un quartier central peut être une bonne option

Une chose était claire pour Marie-Claude, elle voulait acheter dans un quartier central, près des gens qu'elle aime. « Vivre seule dans un quartier excentré aurait pu me donner l'impression d'être isolée et entraîner des coûts supplémentaires, de taxi par exemple. Pas question de couper court à une soirée pour attraper le dernier métro parce que le taxi coûte trop cher et que rentrer à pied n'est pas une option! »

Pour éviter de payer votre hypothèque seul(e), vous pouvez aussi penser à la colocation, ou à louer une chambre sur une plateforme d'hébergement touristique collaboratif.

Acheter à deux avec des situations financières disparates

L'amour n'est pas forcément synonyme de situations financières semblables entre les conjoints. Si votre conjoint et vous avez un écart de revenu, d'épargne ou de dettes important, lorsque vous serez rendus à l'étape d'acquérir une propriété, vous aurez tout avantage à prendre le temps de discuter de votre situation en toute honnêteté. Il est important de s'entendre sur les modalités de l'achat et de définir les limites de votre budget. Pour ce qui est de la portion du budget de chacun allouée à l'hypothèque et aux frais associés à la propriété, il est possible notamment de :

  • Prévoir un montant mensuel à mettre de côté pour les dépenses liées à la propriété et à la vie commune, puis de laisser chacun gérer ce qui reste de façon discrétionnaire.
  • Ou encore d'établir un budget personnel pour chacun et d'investir tout le reste dans un compte commun servant à payer les dépenses de la propriété.

Dans tous les cas, l'achat d'une propriété peut être une bonne occasion de rediscuter de la gestion de votre budget en couple.

Établir une solution sur mesure

Plusieurs couples se composent aussi une solution sur mesure. « On voulait réaliser le meilleur investissement possible, même si on ne pouvait pas diviser les frais moitié-moitié, raconte Mathieu. Lors de l'achat de notre duplex, on a donc contribué à la hauteur de nos moyens pour la mise de fonds, c'est-à-dire 25 % et 75 %. L'hypothèque est payée proportionnellement au salaire. Pour les rénovations, on investit ce qu'on a et on consigne les dépenses pour se séparer équitablement les profits à la revente. »

Lorsque vous communiquez bien vos besoins à votre conjoint, vous pouvez même arriver à des ententes créatives qui pourront vous éviter bien des différends. Par exemple, si, contrairement à votre conjoint, vous mourez d'envie d'aménager le sous-sol en salle d'entraînement, peut-être pourriez-vous décider de payer seul(e) ces factures. Ensuite, votre conjoint pourra se reprendre sur autre chose, comme l'espace cinéma maison qu'il rêve de créer.

$name

Faire attention aux dettes

Même si les situations financières des conjoints diffèrent souvent, il faut tout de même faire attention aux dettes; un conjoint très endetté ou avec une mauvaise cote de crédit pourrait mettre à mal le projet d'acheter une propriété à deux. D'autant plus que, si votre conjoint ne paye pas sa part de l'hypothèque, vous pourriez en être responsable. D'ailleurs, si votre conjoint est confronté à une faillite personnelle, il est souvent possible de négocier une entente avec un syndic autorisé en insolvabilitéAttention, ce lien ouvrira un nouvel onglet.Attention, ce lien ouvrira un nouvel onglet. (SAI) afin de vous permettre de conserver la propriété, en fonction de votre situation.

Trouver un juste milieu

Certains couples choisissent une propriété à un prix qui, considérant les versements hypothécaires et les frais mensuels associés, pourra être payé moitié-moitié par les deux conjoints. C'est ce qu'a fait Christian avec son conjoint. « Nous voulions acheter notre première maison 50-50, mais comme nous avons une différence de revenu, on ne savait pas si ça allait être possible. Pour finir, nous avons décidé d'établir le budget de chacun et déterminé notre capacité à payer une hypothèque. Cela nous a permis de choisir un montant qui nous convenait à tous les deux. »

Il est généralement conseillé de limiter les frais liés au logement, incluant les taxes et les frais de chauffage, à 32 % de son revenu brut, selon la Société canadienne d'hypothèques et de logementAttention, ce lien ouvrira un nouvel onglet.Attention, ce lien ouvrira un nouvel onglet.. Il peut donc être intéressant de rencontrer un planificateur financier pour vous aider à faire votre budget et de consulter un notaire pour obtenir des conseils juridiques et mettre le tout par écrit.

Emménager dans la propriété de son conjoint

Lorsque Cupidon frappe et que vous décidez d'emménager chez votre douce moitié, certaines règles s'imposent pour une cohabitation harmonieuse. Il sera en effet important de choisir un arrangement qui vous convient à tous les deux, en toute transparence.

Payer sa part

Vous pouvez décider de payer les comptes mensuels ou de verser un loyer à votre conjoint propriétaire. « Avant de devenir copropriétaire avec mon chum, on vivait dans sa première propriété, raconte Anne. Ce n'était pas à lui de me soutenir, donc je lui payais une mensualité. Le montant était bas, et je pouvais épargner pour un éventuel investissement. » Les experts s'entendent toutefois pour dire que le conjoint propriétaire devrait payer seul les réparations de la propriété puisqu'il profitera de la valeur ajoutée de ces travaux au moment de la revente.

Acheter une partie de la propriété de son conjoint

Certains préfèrent acquérir une partie de la propriété de leur conjointAttention, ce lien ouvrira un nouvel onglet.Attention, ce lien ouvrira un nouvel onglet. en signant un acte de vente, de cession ou de donation, plutôt que d'acheter une nouvelle maison à deux. Ainsi, l'acheteur peut éviter de payer des frais d'inspection et la taxe de mutation (ou de bienvenue), s'il est conjoint de fait ou marié. Sachez par contre qu'il n'est pas possible d'utiliser le RAP pour acheter une part de la propriété d'un nouveau conjoint de faitAttention, ce lien ouvrira un nouvel onglet.Attention, ce lien ouvrira un nouvel onglet..

 

Finalement, peu importe votre statut amoureux, l'achat d'une propriété demande d'être conscient de votre situation financière et transparent vis-à-vis de votre capacité de payer, pour vous assurer que vous en avez réellement les moyens. Si vous achetez en couple ou emménagez chez votre conjoint, la communication est essentielle pour trouver un arrangement acceptable pour les deux. Dans tous les cas, il est toujours recommandé de consulter un notaire pour obtenir des conseils juridiques et mettre tout arrangement par écrit.

Cet article a-t-il été utile ?