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Voyage, tourisme et environnement : récits et enjeux

Des voyageurs s'impliquent pour préserver l'environnement et la beauté des paysages partout dans le monde.

Par Fonds de solidarité FTQ

Voyager n'a jamais été aussi accessible, entre autres, en raison des prix abordables des billets d'avion. Mais saviez-vous que le tourisme est une source non négligeable de pollution? Selon une étude parue dans la revue Nature Climate Change, cette activité représenterait 8 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Plus particulièrement, les émissions de gaz à effet de serre causées par l'aviation internationale ont augmenté de 70 % entre 1990 et 2010. Et, si elles continuent de croître au même rythme, le transport aérien pourrait être responsable de 22 % des émissions mondiales en 2050, comparativement à seulement 2 % en 2017, selon un rapport de l'Institut Öko.

Face à cette réalité, de plus en plus de voyageurs, conscients des conséquences de leurs activités sur l'environnement, tentent de faire leur part. C'est notamment le cas de Philippe, candidat au doctorat en biologie à l'Université Simon Fraser, qui a fondé une organisation à but non lucratif qui oeuvre à la préservation de la biodiversité, et de Vincent, qui a fait le tour du monde et qui, depuis, fait de son mieux pour minimiser son impact environnemental.

Les répercussions de l'humain sur l'environnement

Philippe a beaucoup voyagé, notamment dans le cadre de ses études en biologie. Lors d'un voyage en Indonésie, alors qu'il travaillait pour un organisme de recensement de la biodiversité, il a constaté qu'il était difficile de trouver un endroit totalement sauvage. Il se souvient d'avoir dû franchir de longues distances, ce qui impliquait beaucoup de logistique, pour dénicher un espace intact, inaltéré par l'humain. Au bout du compte, il a constaté que nous avons laissé notre trace un peu partout...

Dans plusieurs communautés, dont aux Philippines, il a pu constater que les mangroves disparaissent, ce qui a une incidence sur les communautés de pêcheurs qui y vivent. En Indonésie, il a fait des excursions avec des pêcheurs locaux et a recueilli leurs témoignages. Il a appris que la pêche est de moins en moins bonne et que les pêcheurs doivent parcourir des distances de plus en plus longues pour trouver du poisson. Comme les gens sont dépendants de la pêche, il leur est difficile de subsister en raison de la surpêche et du changement climatique.

Vincent a aussi constaté l'impact du changement climatique et de l'activité humaine lors de son tour du monde. Il se rappelle qu'en Afrique du Sud, la pénurie d'eau les obligeait, son conjoint et lui, à limiter leur consommation à 50 litres par jour. À titre comparatif, au Canada, nous consommons en moyenne 251 litres d'eau par jour. En Croatie, c'est l'extrême sécheresse à l'origine de feux de forêt qui l'a interpellé. En Asie, plus particulièrement, la qualité de l'air était très mauvaise à plusieurs endroits, au point de ternir la couleur du ciel. Le smog était omniprésent, autant dans les métropoles qu'en région rurale.

En réponse à ce qu'il a vu et vécu, Philippe a fondé Wide Open Projects (WOP) avec ses amis William et Omar. « Wide Open Projects vise à soutenir les efforts locaux en conservation, en développement communautaire et en éducation dans une région éloignée de la Papouasie occidentale appelée Raja Ampat. La région se trouve à un moment critique de son développement, car elle abrite l'écosystème marin le plus riche en biodiversité du monde et le tourisme commence à augmenter de manière exponentielle dans la région. La plupart de ses habitants sont indigènes et ils ont un grand coeur. « Avec Wide Open Projects, nous prévoyons fournir des ressources nécessaires aux organismes locaux pour les aider à atteindre leurs objectifs, explique-t-il avant de s'empresser d'ajouter : C'est un projet qui me tient beaucoup à coeur. Ça fait longtemps que nous cogitons sur un plan pour mettre en place quelque chose qui aiderait les gens et l'environnement et cette entreprise embryonnaire commence maintenant à prendre son envol! Nous espérons avoir un impact positif dans une région du monde qui fait face à des défis environnementaux ».

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L'impact des médias sociaux sur les destinations touristiques populaires

À l'instar des influenceurs et des célébrités, les touristes ont pris l'habitude de géolocaliser les lieux qu'ils visitent. Cette pratique est toutefois loin d'être sans conséquence. Par exemple, en juillet 2018, huit jours seulement après le début de sa saison, la ferme de tournesols Bogle Seeds Farm, en Ontario, a dû fermer ses portes pour le reste de l'année. En une seule journée, les propriétaires des lieux ont vu arriver 7 000 touristes ayant entendu parler de ce lieu sur les réseaux sociaux et voulant, eux aussi, prendre des clichés des magnifiques fleurs jaunes. Après leur visite, les gens avaient laissé de nombreux déchets, en plus d'endommager les tournesols fragiles. On compte maintenant de nombreux endroits touristiques partout dans le monde qui souffrent de cette popularité sur les médias sociaux.

Conscients de l'impact de la géolocalisation sur la nature, certains utilisent maintenant le mot-clic #nogeotag. Il s'agit d'une nouvelle tendance qui consiste à inviter les touristes à ne pas géolocaliser les photos qui sont diffusées sur les médias sociaux pour préserver la beauté des lieux, les animaux sauvages et les écosystèmes vulnérables.

Bien qu'il soit conscient du phénomène, Philippe reste quant à lui optimiste et croit qu'il est possible de préserver la beauté des paysages malgré l'intérêt des touristes. Selon lui, cela passe par le développement d'une industrie touristique durable, en partenariat avec les communautés locales. Il propose de s'éloigner du modèle thaïlandais où les touristes ont été accueillis massivement et ont permis d'enrichir un petit groupe de privilégiés et prône un développement durable, qui valorise la beauté et la santé du milieu. Il croit qu'il sera ainsi possible de préserver la beauté de Raja Ampat.

Limiter son empreinte environnementale, chacun à sa façon

Après leur périple, Vincent et son conjoint ont décidé de prendre des mesures concrètes pour restreindre leur empreinte environnementale. Ils se sont donc mis à compenser les émissions carbone résultant de leurs déplacements en avion. En voyage, ils privilégient aussi les transports collectifs et actifs et évitent de louer une voiture lorsque c'est possible. « Nous essayons d'aller dans des hôtels écoresponsables », indiquent-ils en précisant qu'ils observent que de plus en plus d'établissements hôteliers proposent des distributeurs de shampoing plutôt que les traditionnelles petites bouteilles.

En parallèle, ils n'hésitent pas à agir concrètement. « Nous avons souvent ramassé des déchets qui traînaient sur les plages où nous sommes allés ». Quand vient l'heure du repas, ils préfèrent encourager les petits commerces locaux et évitent les grandes chaînes. Ils ont aussi pris l'habitude de prendre leurs restes pour emporter, question de limiter le gaspillage.

Philippe, avec Open Wide Projects, travaille notamment à la transplantation de coraux, à la sensibilisation des jeunes de Raja Ampat, à l'éducation de la population sur la préservation marine et à la création d'emplois pour les gens de l'endroit.

En plus de son engagement dans Wide Open Projects, il s'implique dans des initiatives de sensibilisation des jeunes, entre autres, dans les établissements d'enseignement au Canada. Il souhaite ainsi partager sa passion et informer les jeunes sur les tendances mondiales en environnement ainsi que sur l'importance de préserver la biodiversité et les espèces en danger.

Selon lui, le changement et les efforts de préservation de l'environnement doivent venir à la fois des organismes internationaux comme le Fonds mondial pour la nature (WWF) et des communautés locales, et ce, même si ces dernières ne voient pas toujours concrètement le résultat de leur travail.

« Les efforts doivent donc se conjuguer pour avoir un réel impact. Si tout le monde fait sa part, ensemble, nous pourrons diminuer les répercussions des activités humaines sur l'environnement. »

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