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Comment gérer son budget avec une famille recomposée?

Trucs et conseils pour vous aider à gérer le budget de votre famille recomposée.

Par Fonds de solidarité FTQ

Selon le dernier recensement de Statistique Canada (2016), environ 12 % des familles québécoises seraient recomposées. Or, l'argent constitue souvent un sujet sensible au sein du couple, et aménager avec un nouveau conjoint et les enfants de précédentes unions recèle à cet égard son lot de défis! Pour établir des conditions financièrement équitables pour tous, il existe heureusement plusieurs solutions. Trois couples dans des situations différentes ont accepté de témoigner afin de faire part de leurs expériences de gestion du budget au sein d'une famille recomposée.

Une formule gagnante?

Chaque famille étant différente, chacune doit trouver sa propre recette, notamment en tenant compte des valeurs et des moyens financiers des conjoints. À partir de là, plusieurs formules sont envisageables : partage des dépenses 50/50, au prorata des revenus ou du nombre d'enfants, mise en commun ou pas des ressources… Tout est possible! À vous de trouver la solution qui vous convient le mieux. Pour vous aider dans votre réflexion, voici les témoignages de trois familles recomposées qui ont chacune trouvé leur formule gagnante.


Julie et Martin : partage et indépendance financière

Le couple dans la trentaine a emménagé ensemble il y a environ trois ans. Il y a un an, ils ont eu une petite fille, alors que Martin avait déjà une fillette d'une précédente union, Mila, aujourd'hui âgée de neuf ans. Financièrement, tout est séparé de façon équitable, ce qui est facilité par le fait que les revenus sont relativement équivalents.

Nous partageons toutes les dépenses quotidiennes à parts égales : loyer, électricité, épicerie, pharmacie, garderie de notre fille, etc. En ce qui concerne la fille de Martin, c'est lui qui se charge de payer le nécessaire avec son ex-femme, vêtements, matériel scolaire, frais de camp de jour, par exemple.

Chaque conjoint a son propre compte en banque dans lequel son salaire est versé. Le couple possède une carte de crédit commune pour payer les dépenses familiales. À la fin du mois, ils font leurs comptes et calculent ce que chacun doit à l'autre à l'aide de l'application Splitwise, un exercice qui ne prend que quelques minutes. Ils ont opté pour ce mode de fonctionnement de façon toute naturelle, estimant que c'était la meilleure façon pour que personne ne se sente lésé, tout en se ménageant une marge de manoeuvre individuelle. Ainsi, Julie et Martin utilisent à leur guise l'excédent de leurs revenus qui ne sont pas consacrés à la famille ou à des projets communs. Ils peuvent par exemple placer cet argent dans leurs REER ou se gâter un peu. « Je n'ai pas envie de me justifier quand je m'offre de nouveaux vêtements, par exemple. De son côté, mon conjoint est musicien et il peut s'acheter des instruments. Chacun a ses affaires et on ne se juge pas! », se réjouit-elle. Son conseil pour aider les familles reconstituées à tirer leur épingle du jeu? Communiquer et s'assurer d'établir une façon de faire dans laquelle chacun est à l'aise. « Certains de nos amis considèrent que nous nous compliquons la vie, mais je ne suis pas d'accord. À mes yeux, l'indépendance financière est primordiale, et cette méthode me permet de la conserver », dit-elle

famille recomposée heureuse

Roxanne et Antoine : mettre les ressources en commun

Il y a un an et demi, le couple dans la quarantaine a décidé d'acheter une maison pour accueillir leur petite famille, composée du fils de 14 ans de Roxanne et de la fillette de 9 ans d'Antoine, en garde partagée. « Nous avons des revenus équivalents, même si je suis travailleuse autonome et que mon conjoint est salarié. Nous les déposons dans un compte conjoint qui est utilisé pour toutes les dépenses familiales et personnelles. Cette façon de faire nous convient parfaitement, car nous ne sommes pas au dollar près », indique Roxanne. Un compte d'épargne à intérêt élevé a aussi été ouvert, dans lequel des sommes sont déposées régulièrement, qui varient en fonction des possibilités financières de chacun. Elles sont ensuite partagées une fois par an entre les conjoints, qui les placent dans leurs REER respectifs.

Les dépenses quotidiennes des enfants sont assumées à parts égales, car au bout du compte, elles finissent selon eux par s'équivaloir. Il y a toutefois des exceptions, les frais d'orthodontie de la fille d'Antoine par exemple, qui sont payés 50/50 par le père et la mère de la fillette. Roxanne ayant la garde exclusive de son fils, c'est elle qui assume toutes ses dépenses. Comptable de profession et planificatrice financière, Roxanne est bien au fait des questions d'argent et en parle librement avec son compagnon. « Il était essentiel à nos yeux que chacun puisse se gâter un peu sans devoir demander la permission à l'autre, sauf lorsqu'il s'agit de grosses dépenses. Nous avons aussi convenu que si l'un de nous deux se sentait lésé, nous allions adopter une autre formule, des comptes bancaires séparés, par exemple », dit-elle. Qu'arrivera-t-il de leurs biens au décès? « Nous laisserons notre part de la maison au conjoint survivant, et les enfants hériteront de nos épargnes », précise Roxanne.

fille embrassant son demi-frère

Maria et François : l'équité avant tout

Vivant sous le même toit depuis deux ans, Maria et François sont dans la jeune cinquantaine. Maria est la mère de deux enfants de 10 et 14 ans, en garde partagée avec leur père, alors que son conjoint n'a pas d'enfant. « Nous nous voyons comme une équipe et la communication est transparente entre nous. Nous avons mis sur papier toutes les dépenses récurrentes, fixes et variables, et avons établi le montant mensuel versé par chacun en tenant compte de sa situation personnelle », explique-t-elle. Par exemple, étant propriétaire de la maison dans laquelle habite la petite famille et ayant deux enfants, elle paye une part plus grande de l'épicerie et de l'hypothèque.

« Si nous faisons une activité en famille, je paye pour mes enfants et François s'occupe de sa part. En revanche, il débourse souvent pour les extra, les repas au restaurant, par exemple », souligne Maria. À cause de son changement de statut, depuis un an Maria ne reçoit presque plus d'allocations familiales, puisqu'elle a désormais un conjoint de fait. « Fiscalement, la situation n'est pas équitable et je perds beaucoup d'avantages. Mais il n'est pas question que mon conjoint assume cette perte financière puisque ce ne sont pas ses enfants! », estime-t-elle. Les conjoints ont des comptes bancaires séparés, et Maria se charge des dépenses essentielles relatives à ses enfants (école, sports, vêtements, etc.) avec le père de ceux-ci. Selon elle, le fait d'avoir consulté un expert pour trouver un arrangement qui convenait aux deux a été une excellente façon pour éviter toute tension reliée à l'argent dans son couple.

N'oubliez pas qu'aux fins de l'impôt, vous pouvez être considérés notamment comme conjoint de fait si vous vivez 12 mois sous le même toit ou avez un enfant avec votre conjoint. Si tel est le cas, il est possible que cela réduise ou annule certaines prestations gouvernementales, puisque celles-ci sont calculées en fonction du revenu familial et non individuel. Cela pourrait affecter votre budget, surtout si, comme Maria, vous assumez seul les dépenses relatives à vos propres enfants. Renseignez-vous bien! 

Parce que chaque famille recomposée est unique, elle doit trouver la recette qui lui convient le mieux. Ce plan est modulable et peut bien sûr évoluer en fonction des changements dans la situation familiale, l'arrivée d'un nouvel enfant ou l'achat d'une maison par exemple. Selon nos trois couples témoins, l'un des secrets du succès est de demeurer transparent par rapport à ses attentes et ses propres valeurs, et ce dès le début de la relation. Cela évitera les mauvaises surprises une fois tout le monde installé sous un même toit!

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