Efficacité énergétique : deux québécoises qui cochent toutes les cases

Les entreprises du Québec ont l'avantage d'une électricité 100 % renouvelable pour réduire leurs émissions de carbone. Mais encore doivent-elles faire preuve d'astuce pour en tirer des bénéfices d'affaires au-delà du bilan environnemental. En voici deux qui ont réussi sur toute la ligne.

Thomas Martinuzzo Par Thomas Martinuzzo Suivez-le sur LinkedIn


Une bonne gestion énergétique améliore le bilan environnemental d'une entreprise, mais elle est aussi un atout pour sa rentabilité (les coûts sont réduits), sa marque employeur (la nouvelle génération est plus soucieuse de l'écologie) ou encore sa gestion du risque (les émissions sont de plus en plus réglementées). De plus, une consommation réduite permet de se différencier de la concurrence aux yeux des clients soucieux de décarboniser leur chaîne d'approvisionnement.

Dans sa vision d'investisseur d'impact, le Fonds de solidarité FTQ prône une transition énergétique « juste », c'est-à-dire qui vise une réduction des émissions, mais en prenant en compte les impacts humains et sociaux. Une équipe spécialisée, le Groupe Asthuce, a été mise sur pied pour accompagner les entreprises partenaires du Fonds dans cet exercice délicat.

« Quand nous sommes appelés à réaliser un audit énergétique, ou quand nous contribuons à définir une stratégie de croissance, nos experts s'efforcent toujours de conscientiser les entreprises à leur responsabilité sociétale et de présenter des solutions concrètes et avec un impact positif », dit Thomas Martinuzzo, directeur à l'investissement au sein du Groupe Asthuce.

Par où commencer ?

En matière de changement, l'empressement est toujours mauvais conseiller. Même si le temps presse dans la lutte au changement climatique, une transition juste ne peut être réussie qu'au rythme propre à chaque organisation, selon ses ressources.

« La clé est de placer l'humain au coeur de la démarche, en impliquant les employés afin qu'ils adhèrent au plan avec enthousiasme et se sentent parties prenantes du succès de la transition. Il faut implanter une culture de gestion énergétique », insiste Thomas Martinuzzo.

Les entreprises d'ici commencent souvent leur transition énergétique par deux volets simples, mais importants : l'éclairage et l'hivernisation des bâtiments. En optant pour des lumières de type DEL, avec des détecteurs de présence pour éteindre quand il n'y a personne, et en tirant profit le plus possible de la lumière naturelle, les entreprises peuvent réduire une bonne partie de leurs coûts d'éclairage. La chasse aux infiltrations d'air, l'entretien adéquat des portes et fenêtres, et le passage des équipements en mode hiver peuvent quant à eux générer des économies considérables qui valent la peine d'être prises au sérieux sur une base annuelle.

Parmi les entreprises partenaires du Fonds, voici deux cas édifiants de transition énergétique juste : CIF Métal, une fonderie d'aluminium à Thetford Mines, et MBI Global, un manufacturier de produits de forage à Rouyn-Noranda.

Le cas de CIF Métal : plus fort, plus propre, plus confortable

La fonderie CIF Métal a 2 usines, 150 employés, et 45 000 livres d'aluminium à faire fondre chaque jour pour mouler de grandes pièces complexes, selon les exigences techniques très précises de manufacturiers du monde entier.

Les affaires roulaient bien mais au milieu des années 2000, les émissions polluantes de la fusion à l'huile commençaient à sérieusement embarrasser l'entreprise, et elle souhaitait en outre tripler sa capacité de production afin de répondre à une demande croissante. L'hydroélectricité offrait une énergie plus propre, mais il n'existait pas de four pour en tirer une chaleur forte et stable.

« On a fouillé tout ce qu'il y avait sur la planète qui pourrait marcher de près ou de loin, on a exploré toutes les technologies possibles, en prenant le temps nécessaire. Il nous fallait sortir des sentiers battus », se souvient Jean Marcoux, président de CIF.

Finalement, la trouvaille : une technologie de moulage permanent à induction électrique destinée à d'autres usages, mais que CIF a adapté à sa réalité en collaboration avec son fournisseur. Après une conversion graduelle, la fonderie a complété en 2011 l'élimination totale de l'huile et peut désormais se proclamer « zéro émission ».

M. Marcoux dit avoir réalisé des centaines de milliers de dollars d'économies en énergie pour une capacité trois fois plus grande. Ce n'est pas tout : l'aluminium avait gagné en pureté, et les travailleurs n'étaient plus écrasés par la chaleur puisque l'induction n'en produit pas.

En plus des bénéfices financiers et environnementaux de sa conversion, être une fonderie 100% verte vaut à CIF beaucoup d'attention de la part des fournisseurs et clients, et lui donne un avantage concurrentiel important. « On est comme des stars », s'enthousiasme Jean Marcoux.

CIF a également procédé au remplacement de ses systèmes d'éclairage par des DEL avec détecteurs de mouvement, et de ses chariots élévateurs au propane par des modèles électriques. L'entreprise poursuit ses efforts dans un esprit d'amélioration continue.

Chez MBI Global, une plus belle lumière et un meilleur climat

L'année 2011 fut un tournant dans la croissance de MBI Global, qui est passée de la distribution de produits de forage d'exploration pour l'industrie minière à leur manufacture de A à Z. L'entreprise compte aujourd'hui une soixantaine d'employés au Canada, au Pérou et au Chili.

En 2018, MBI a saisi l'opportunité lancée par le Fonds de s'engager dans l'amélioration de son efficacité énergétique en se lançant dans un double projet d'efficacité énergétique qui lui a permis d'économiser environ 15 000 $ par an.

D'abord, elle a remplacé ses lampes aux halogénures métalliques par des DEL de 200 W, qui consomment 50% moins d'énergie, requièrent moins d'entretien, et donnent « une belle luminosité instantanée » selon son président Daniel Misiano.

Ensuite, elle a adopté le chauffage radiant, pour minimiser ses coûts et aussi maximiser le confort des employés. « Ils nous ont dit merci car leur climat de travail s'est amélioré ! De façon générale, ces projets ont été rondement menés grâce à l'élan de la direction mais aussi à l'implication des employés », témoigne M. Misiano.

Les ressources ne manquent pas

« Il ne faut pas minimiser l'impact de nos actions, aussi petites soient-elles. Il y a de nombreuses façons de réussir sa transition énergétique », observe Thomas Martinuzzo. « L'avantage d'agir maintenant, c'est qu'il y a beaucoup de ressources disponibles pour accompagner les entreprises, tant du côté de partenaires financiers comme le Fonds que des firmes de consultants et des programmes de subventions des gouvernements. »

 

Pour plus d'information sur la transition énergétique juste :


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