« Lorsque l'on souhaite se projeter dans l'avenir, nul ne sert de se tourner vers le passé », croit Claude Robert. « Les données d'hier ne seront plus jamais présentes, et la seule chose que l'on peut en retenir est d'apprendre à ne pas répéter ses erreurs. La meilleure façon d'avancer reste l'imagination, la vision, la capacité d'adaptation. »
De fait, l'entrepreneur incarne bien cette pensée puisqu'il a su transformer Groupe Robert à maintes reprises au fil des ans, en gardant toujours l'œil sur les prochaines étapes. Fils du fondateur Rosario, et PDG de 1973 à 2015, il a transmis les rênes à son fils Michel, mais demeure en quelque sorte le guide spirituel de l'entreprise.
« Notre père est un homme charismatique et très passionné, qui n'a pas son pareil pour amener les gens à le suivre dans ses projets », confie sa fille Isabelle, qui officie aux communications marketing. « Sa passion a toujours été d'aider les clients à résoudre leurs défis, bien au-delà de leurs besoins de transport, et on peut dire qu'il nous a inculqué à tous cette philosophie. »
« Groupe Robert est devenu ce qu'il est grâce à la créativité, à la recherche de solutions hors cadre », renchérit la cadette Julie, qui œuvre aux ressources humaines. « Mon père m'a fait le plus beau cadeau de ma vie en me proposant ce poste, car nos relations avec nos employés sont au cœur de notre succès. »
L'entreprise familiale compte aujourd'hui plus de 3 200 employés, répartis entre le camionnage (« Je suis très fière de la notoriété de nos camions jaunes ! », partage Julie), et les services logistiques avec plus de 40 centres de distribution pour un total d'au-delà de 4,5 millions de pieds carrés d'entreposage. Mais il lui manque encore de l'effectif pour poursuivre sa croissance.
Innover pour avancer
Bien que beaucoup de choses aient été faites à l'interne pour pallier le manque de ressources (ajustements salariaux importants, refonte des horaires...), il est difficile de pourvoir un grand nombre de postes clés, qu'il s'agisse de chauffeurs ou de mécaniciens, d'agents de sécurité, de préparateurs de commandes, ou d'opérateurs de chariots élévateurs.
Pour pallier au manque de ressources, l'entreprise s'apprête à ouvrir à Varennes, au bord de l'autoroute 30, un centre de distribution alimentaire ultra-moderne, presqu'entièrement automatisé, d'une capacité de 60 000 palettes en frais et surgelé, sur une hauteur de 150 pieds. Investissement total : plus de 150 M$. Le financement d'un tel projet a été rendu possible grâce à la collaboration d'un groupe de prêteurs (Roynat, BDC, Investissement Québec). Le Fonds a injecté quant à lui une nouvelle débenture de 40 M$. « C'est le projet le plus ambitieux de notre histoire », affirme Michel.
La collaboration de Groupe Robert avec le Fonds ne date pas d'hier. Elle a commencé lors d'un moment charnière pour l'entreprise, au début des années 90, quand elle fût à la fois confrontée à un incendie dévastateur à ses installations de Boucherville, à une dérèglementation qui la poussait à ouvrir de nouvelles liaisons, à une obligation de renouveler sa flotte, et à une récession économique.
Cette juxtaposition de circonstances faisait tant pression sur les liquidités qu'il a fallu faire un choix : s'endetter dangereusement, ou chercher un apport de capitaux frais. C'est finalement le Fonds qui les a fournis.
Partenaires à tous les égards
« On recherchait un actionnaire sur qui on pourrait compter à long terme, et qui apporterait un souffle de renouveau », se souvient Claude. « Trente ans plus tard, le Fonds a permis à notre entreprise de passer de très petite à grande moyenne. Avec beaucoup de travail évidemment, et une excellente collaboration fondée sur le bon sens. »
Au fil des ans, le nouvel actionnaire a accompagné Groupe Robert dans plusieurs tournants clés, dont son expansion en Amérique du Nord, et la construction de son nouveau siège social et de multiples centres de distribution, incluant le tout dernier. Partenaire à tous les égards, le Fonds a encouragé l'entreprise à se diversifier, en gardant l'œil sur le long terme.
« L'équipe du Fonds a rapidement compris les enjeux fondamentaux de notre projet de Varennes, et comment il peut changer la donne dans l'Est du Canada même si la rentabilité ne sera pas instantanée. Elle a toujours été à l'écoute de nos besoins tout en faisant preuve de beaucoup de patience », témoigne Michel. « Nous recevons en outre l'appui du Groupe Asthuce, leur équipe interne d'experts, qui nous partagent des données exclusives et des conseils stratégiques. C'est nous qui portons le ballon, mais elle est en coulisse pour nous soutenir. »
Inspirer la vocation
Malgré les initiatives d'automatisation, la pénurie de main-d'oeuvre demeure un problème épineux. C'est vrai dans de nombreux secteurs d'activités mais encore plus dans le camionnage, pour une raison très simple : il faut avoir 21 ans pour conduire des poids lourds. Or, les jeunes qui renoncent aux études supérieures ont tout le temps de développer, dès leurs 18 ans, d'autres carrières satisfaisantes et mieux adaptées à la vie de famille. C'est une des questions encore non résolues que Claude et Michel abordent souvent auprès des instances de régulation. L'immigration est une solution, cependant encore insuffisante par rapport aux besoins.
« Pour bâtir la relève, nous devons valoriser nos métiers en sensibilisant les jeunes dès l'école secondaire. Nous avons connu une période de grâce pendant la pandémie, quand les gens ont reconnu la valeur de notre travail. Nous devons maintenir cette image positive dans l'esprit du public », indique Julie.
« Le développement de nos employés est l'une de nos plus grandes sources de fierté », ajoute Isabelle. « Nous sommes heureux de les supporter et les aider à devenir meilleurs et gravir les échelons en occupant des postes variés. La réalisation de projets apporte de la satisfaction bien évidemment ; toutefois, ce sont les individus que nous avons vu s'accomplir parmi nous qui nous rendent le plus fiers. »
Après la troisième génération de Robert représentée par Michel, Isabelle et Julie, une quatrième se prépare parmi les sept petits-enfants; déjà, l'un des fils de Michel est actif au camionnage. D'ici à ce qu'ils intègrent pleinement l'entreprise –si tel est leur souhait– elle subira sûrement de nouvelles transformations, comme elle l'a toujours fait. Et comme depuis trois décennies, le Fonds sera présent pour l'accompagner.