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Votre retraite pourrait durer 30 ans. Serez-vous prêt?

L'espérance de vie a une incidence majeure sur votre épargne. Découvrez ce que vous devez savoir pour en laisser le moins possible au hasard.

Par Fonds de solidarité FTQ

Combien d'années serez-vous à la retraite? Nul ne peut répondre à cette question! C'est d'ailleurs l'un des défis de la planification. Les experts du domaine échelonnent généralement le plan de décaissement sur 30 ans en tenant compte de deux éléments importants : l'âge officiel de la retraite au Québec (65 ans) et l'espérance de vie. Voici comment prendre en compte cette dernière donnée essentielle et commencer à évaluer combien vous devriez épargner.

Comprendre l'espérance de vie

Plus on vieillit, plus nos chances de vivre longtemps augmentent. Et au Québec, l'espérance de vie ne cesse de s'améliorer. Alors, comment calculer le nombre d'années que vous pourriez passer à la retraite, et par conséquent, anticiper vos besoins financiers? Cette variable inconnue s'avère être une grande source de stress pour la plupart des gens. C'est le cas de Nathalie, 47 ans, qui souligne à quel point il est difficile de prévoir de combien d'argent elle aura besoin à cette étape de sa vie. « J'éprouve un tiraillement constant entre le fait que je ne sais pas quand je vais mourir et que c'est maintenant que je vis… Je ne veux pas être prise à la gorge en économisant tout l'argent possible pour un plus tard qui n'existera peut-être pas! En même temps, je voudrais profiter de la vie maintenant puisque je suis en bonne santé, mais de façon intelligente. Essayer de trouver l'équilibre dans tout ça est très anxiogène », témoigne-t-elle.

Calculer son espérance de vie

Heureusement, les statistiques vous aident à y voir plus clair. Selon Retraite Québec, en 2016, un Québécois de 65 ans pouvait espérer atteindre 85 ans et une Québécoise, 88 ans. C'est la raison pour laquelle les planificateurs financiers établissent généralement leurs calculs, et un plan de décaissement, sur 30 ans après la retraite, le plus souvent jusqu'à 90 ans. Il s'agit toutefois d'une moyenne, et statistiquement, 50 % de la population vivra au-delà de l'espérance de vie.

Bien qu'il soit important pour tous de bien planifier son épargne personnelle, certains éléments impactent davantage les femmes puisque leur espérance de vie est supérieure à celle des hommes et qu'elles seront par conséquent plus longtemps à la retraite. Or, leurs revenus de retraite sont souvent inférieurs à ceux des hommes, car pour prendre soin des enfants, par exemple, elles ont pu quitter le marché du travail pendant un certain temps ou oeuvrer à temps partiel. Mentionnons aussi qu'à compétences égales, il existe encore un écart salarial entre les hommes et les femmes au détriment de ces dernières, qui en 2018, gagnaient environ 13 % de moins par heure que les hommes. Enfin, chez les 65 ans et plus, davantage de femmes que d'hommes vivent seules et ne peuvent donc pas partager le fardeau des dépenses, ce qui accroît la pression sur leurs finances.

Une retraite en santé

De nombreux Québécois estiment que l'âge idéal pour quitter le marché du travail serait à 65 ans ou avant, la moyenne étant à 61 ans, parce qu'ils veulent profiter au maximum de leur retraite, en particulier de la période où ils sont encore en bonne forme physique pour le faire. C'est ce que révèle un sondage de EducÉpargne qui démontre aussi que le tiers des répondants souhaiterait commencer à toucher le Régime de rentes du Québec (RRQ) avant 65 ans, et ce, même si cela suppose des pénalités.

Bien que plusieurs personnes souhaitent alors profiter d'une retraite active et en bonne santé, elles ont aussi tendance à sous-estimer ce que l'on appelle le risque de longévité, c'est-à-dire le risque financier associé à la possibilité de vivre plus longtemps que prévu. Prendre conscience des nombreuses années durant lesquelles vous pourriez devoir compter sur votre épargne et vos revenus de retraite vous permet de planifier en conséquence et d'éviter que votre épargne ne soit pas suffisante jusqu'à la fin de vos jours.

De plus, il est généralement vrai que la santé des individus se dégrade avec le temps, augmentant du même coup les dépenses qui y sont reliées au fur et à fur qu'ils avancent en âge. Cependant, le train de vie diminue aussi : si l'on a besoin de 70 % de nos revenus de vie active dans les premières années de notre retraite, cela baisse plutôt à 50 % avec le temps.

Avoir un plan

Dans tous les cas, il est important d'avoir un plan et d'être bien conseillé. Pour sa part, Nathalie évalue qu'elle travaillera à temps plein jusqu'à 65 ans, puis à temps partiel jusqu'à 70 ans. « Si tout va bien, je passerai environ une vingtaine d'années à la retraite avant mon décès. Toutefois, compte tenu du montant que j'ai accumulé jusqu'ici, mes deux prochaines décennies devront être plus réfléchies et stratégiques. C'est pourquoi j'ai décidé d'aller consulter un expert qui m'aidera à mieux analyser ma situation actuelle et à définir comment je voudrais vivre à ma retraite », explique-t-elle.

De leur côté, Sylvie et Pierre ont consulté un actuaire. En tenant compte de leur situation financière, de leur style de vie et de leurs antécédents familiaux, celui-ci a prévu un plan de décaissement jusqu'à l'âge de 91 ans, ce qui correspond à leur espérance de vie. Dans leur cas, s'ils déjouent les prédictions et vivent plus longtemps, ils ont décidé de demander à leurs enfants de leur donner un coup de pouce financier. Il vous appartient ainsi de préparer votre plan de retraite, en fonction de vos souhaits et de vos aspirations, mais aussi de vos moyens.

L'indexation et l'inflation

Si on vit de plus en plus longtemps, il y a fort à parier que le coût de la vie sera lui aussi de plus en plus élevé : c'est ce que l'on appelle l'inflation. Autrement dit, le prix des biens et des services grimpe peu à peu au fil des années. Une réalité que Nathalie a bien saisie et dont elle va tenir compte dans son scénario de retraite. « Je suis consciente que même si je veux vivre simplement, mais confortablement, le coût de la vie sera plus élevé qu'aujourd'hui », constate-t-elle.

Une inflation faible… mais constante

À l'heure actuelle, l'inflation est relativement faible au Canada, moins de 2 % annuellement au cours des deux dernières années. Mais ce qui semble être un faible pourcentage finira par faire boule de neige! Retraite Québec est très clair à ce sujet : « Le risque d'inflation est un élément important à considérer dans votre stratégie de décaissement », souligne l'organisme, qui se fait toutefois rassurant puisque que la pension de la Sécurité de la vieillesse (SV) et la rente de la RRQ tiennent compte de ce risque. En effet, ces deux rentes sont indexées, c'est-à-dire qu'elles augmentent chaque année au rythme de l'inflation. « Pour le reste, pensez à économiser suffisamment pour contrer l'inflation et conserver votre pouvoir d'achat », recommande l'organisme.

L'importance du rendement

Heureusement, le rendement de vos placements pourra vous aider à atténuer les conséquences de l'inflation. Par exemple, un taux de rendement de 3 % annuellement égalera généralement l'inflation, alors qu'un rendement plus élevé permettra de faire fructifier vos avoirs et d'augmenter plus efficacement la valeur de vos actifs. L'Agence de la consommation en matière financière du Canada abonde dans le même sens et indique que les économies doivent croître en suivant l'inflation, sinon le retraité pourrait avoir des difficultés à maintenir son style de vie puisque les biens et services coûteront plus cher. Un point crucial à considérer dans vos calculs pour savoir quelles sont les sommes que vous devrez économiser en vue de la retraite.

Plusieurs facteurs peuvent avoir un impact sur la retraite, que ce soit votre espérance de vie, votre état de santé ou l'inflation. La meilleure façon de ne rien laisser au hasard est de consulter un planificateur financier, qui pourra adapter votre stratégie de placement à vos besoins, ce qui vous aidera à maximiser votre situation financière.

Revoyez vos plans périodiquement, au moins tous les cinq ans. Faites aussi l'exercice lorsque vos objectifs d'épargne changent et à chaque fois qu'un événement important, heureux ou malheureux, survient dans votre existence : naissance, achat d'une maison, maladie, décès, période de chômage, etc. C'est ainsi que vous pourrez vous assurer d'avoir mis suffisamment d'argent de côté pour vivre confortablement jusqu'à la fin de vos jours.

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