Branchez vos camions – Rapport sur l'électrification des parcs de véhicules commerciaux au Québec
Les conditions nécessaires sont presque réunies pour électrifier d'ici 2030 la plupart des véhicules commerciaux. Sous réserve de redoubler de volonté et de moyens, selon un récent rapport de Propulsion Québec financé en partie par le Fonds de solidarité FTQ.
Les camions moyens à lourds et les camionnettes à usage commercial n’ont beau représenter que 11 % du parc total de véhicules au Québec, ils sont responsables de 66,5 % de ses émissions de gaz à effet de serre. D’où l’attention particulière que leur porte Propulsion Québec, organisme de concertation des joueurs québécois du transport électrique et intelligent.
Diffusé en janvier, son rapport « L’électrification des parcs de véhicules au Québec » compare la situation de nos organisations avec cinq exemples pris chez nos voisins du Sud (Fedex, Ryder, PG&E, Ville de New York, ports de Long Beach et de Los Angeles), et propose une analyse des barrières à surmonter et des leviers à actionner pour électrifier les véhicules commerciaux au fil de la décennie.
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Les exemples américains sont diversifiés : on apprend comment une messagerie, un loueur de camions, un distributeur d’énergie, une municipalité et des ports maritimes incorporent progressivement des véhicules électriques à leurs flottes. Puisque tous sont des pionniers dans leurs secteurs respectifs, chacun y va de son processus d’essais et d’erreurs, dans son contexte propre, avec ou sans l’aide des gouvernements. Peu à peu, leurs parcs de véhicules se verdissent, parfois en complémentarité entre l’électricité et d’autres solutions (hybride, hydrogène…), et leurs résultats sont plutôt encourageants.
Des barrières similaires ici et ailleurs
En parallèle de ces études de cas, les auteurs du rapport ont consulté un panel de huit opérateurs québécois de parcs de véhicules privés et publics. Il en ressort que les barrières à l’électrification sont les mêmes ici que là-bas. Parmi les principales : des coûts plus élevés, des contraintes de recharge, un manque d’expertise, ou encore une résistance interne au changement.
Côté leviers en revanche, malgré les importantes mesures incitatives de nos gouvernements, « la plupart présentent des opportunités de bonification lorsque comparés aux meilleures pratiques internationales », estime le rapport.
Il s’agit par exemple de subventions à l’achat des véhicules, qui vont jusqu’à 150 000 USD en Californie pour l’achat d’un camion Lion 8 ; de programmes de soutien aux projets de démonstration pour aider les transporteurs à tester l’électrique ; ou encore de l’installation complète des bornes de recharge par les distributeurs d’électricité eux-mêmes, à leurs frais, comme le font plusieurs aux États-Unis dans le cadre de programmes appelés « make ready ».
Bonifier les leviers en place
Le rapport de Propulsion Québec reconnaît les efforts accrus du gouvernement, comme le récent Plan pour une économie verte 2030, mais il plaide pour un passage à la vitesse supérieure.
Pour y parvenir, l’une de ses recommandations est de simplifier ou même combiner les deux programmes d’aide financière de Québec, Écocamionnage (MTQ) et Transportez vert (TEQ), en accroissant les montants accordés et le nombre de véhicules admissibles. Une autre est de subventionner davantage les infrastructures de recharge et d’impliquer Hydro-Québec dans un « make ready » québécois.
Des solutions de financement sont proposées pour les petits parcs de véhicules commerciaux, dont le budget n’est pas toujours prêt à absorber une électrification rapide même si elle réduira leurs coûts à plus long terme. On évoque notamment un scénario où l’acquisition des véhicules et des infrastructures est autofinancée à partir des bénéfices opérationnels, selon le modèle des entreprises de services écoénergétiques utilisé dans le bâtiment. Cela réduirait substantiellement les risques financiers pour les opérateurs de ces parcs.
De la parole à l'action
Outre le financement, il y a l’exécution. Le rapport donne plusieurs conseils aux opérateurs pour réussir leur électrification, incluant de mettre en place une veille technologique, de tester les véhicules commercialisés, de planifier les conséquences et de gérer le changement dans leurs différents services, d’impliquer leurs clients et sous-traitants, et de ne pas hésiter à faire appel à l’écosystème grandissant d’experts en énergie propre.
Les auteurs insistent sur la nécessité « d’appliquer de façon rigoureuse » leurs recommandations si l’on veut obtenir des résultats aussi positifs que ceux observés dans leurs études de cas, et donner une chance au Québec d’atteindre ses ambitieux objectifs environnementaux d’ici 2030.
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Comme le rappelle Propulsion Québec, l’électrification des transports au Québec ne sert pas juste à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Elle est aussi un catalyseur de compétitivité pour les entreprises d’ici, et stimule une filière économique d’avenir. Si les mauvaises nouvelles du climat donnent l’impression d’un verre à moitié vide, il y a aussi de nombreuses raisons de le voir à moitié plein !