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Témoignage : fonder une famille par procréation assistée

À la fin de 2018, Jeanne et sa conjointe Clara ont accueilli leur fille Camille après quatre ans de démarches en clinique de fertilité. Voici l'histoire de leur projet parental.

Par Fonds de solidarité FTQ

Jeanne1, 43 ans, et sa conjointe Clara, 34 ans, ont entrepris des démarches de procréation assistée il y a six ans. Même si elles pensaient s'être bien préparées, elles ont dû affronter de nombreux défis avant la naissance de leur fille, Camille. Voici leur parcours, avec ses hauts, ses bas et ses apprentissages.

Planifier... dans la mesure du possible

Quand Jeanne et Clara se sont présentées à leur premier rendez-vous en clinique de fertilité, elles avaient réfléchi à leur plan. Elles savaient que Clara, la plus jeune des deux, allait porter l'enfant, et elles connaissaient le profil du donneur qu'elles voulaient. Puisqu'elles avaient parlé à des gens qui étaient déjà passés par là, elles avaient aussi une idée des coûts à anticiper. Et vu leur différence de salaire - Clara est médecin, et Jeanne travailleuse autonome -, elles avaient depuis longtemps une entente sur la gestion de leurs finances communes et sur leur stratégie d'épargne.

Mais avec un projet de ce type, la planification a ses limites : « Ce n'est pas comme un plan de retraite ou d'achat de maison, où on peut se dire qu'on va réussir si on fait nos devoirs », rappelle Jeanne. Aucun couple ne peut prévoir ce qui l'attend ni même avoir la certitude que ses démarches porteront des fruits. « Les cliniques de fertilité ont une grille de prix pour chaque scénario possible, mais on ne sait pas quel sera le nôtre : le scénario A ou le scénario E? S'arrêtera-t-on à l'insémination ou ira-t-on en fécondation in vitro? »

Ces scénarios varient énormément, tout comme le nombre d'étapes qu'ils comportent, les coûts qui les accompagnent... et leurs conséquences sur les gens impliqués.

Les changements de 2015

En 2014, lorsque Jeanne et Clara ont entrepris leurs démarches, l'accès à la procréation médicalement assistée était couvert par le gouvernement du Québec. Cependant, l'année suivante, la donne a changé : la couverture publique a été remplacée par un système de crédits d'impôt calculés selon le revenu du ménage. Compte tenu du salaire élevé de Clara, le couple a dû assumer la plus grande partie du coût des traitements.

Ce cadre législatif a d'ailleurs fait l'objet d'une mise à jour à la suite de l'adoption du projet de loi 73 au mois de mars 2021 visant à rétablir, sous certaines conditions, la couverture de la procréation assistée pour les femmes de 18 à 41 ans détenant une carte d'assurance maladie. 

Le parcours des combattantes

Dans le cas de Jeanne et Clara, les étapes se sont multipliées : du rendez-vous initial à la grossesse, le processus a duré quatre ans et a apporté son lot d'épreuves. Pendant la première année, le couple a traversé neuf cycles d'insémination infructueux.

« Le fait que le temps passe sans que ça fonctionne est très dur émotionnellement, confie Jeanne. Ça vient s'ajouter au stress et à la fatigue des traitements. »

L'épuisement psychologique engendré par l'attente et les échecs successifs a d'ailleurs affecté la relation de Jeanne et de Clara au point où elles ont décidé de mettre leur couple sur pause pendant un temps.

C'est au terme de cette pause et après des discussions sur la suite des démarches qu'elles sont passées à l'étape de la fécondation in vitro (FIV). Le vent a alors tourné : le premier cycle de FIV a produit beaucoup d'embryons, et Clara est tombée enceinte au deuxième transfert. « On était contentes, se rappelle Jeanne, mais on ne voulait pas s'emballer, comme les étapes d'avant ne s'étaient pas si bien passées. On a attendu jusqu'à la fin pour se dire que ça y était. »

Et ça y était : aujourd'hui, les deux mamans partagent leur vie avec Camille, deux ans.

Des surprises et des apprentissages

Ce que Jeanne et Clara retiennent de leur expérience? Sur le plan des finances, d'abord, il y a toujours des surprises, d'où l'importance d'amasser une bonne somme en amont. Même si elles savaient, en gros, à quoi s'attendre, elles se sont vite rendu compte que des frais s'accumulaient à chaque étape (rendez-vous de suivi, tests, prises de sang, etc.). En tout, Jeanne estime que le projet a coûté 16 000 $. « Après ce calcul, on se dit que c'est fou : toutes ces démarches nous ont causé un stress énorme, mais nous n'avions aucun stress financier. Alors un couple pour qui le budget est plus serré... »

Pour diminuer les frais, il est crucial d'avoir de bonnes assurances médicaments, souligne Jeanne : c'est ce qui leur a permis, à Clara et elle, de couper de moitié la facture pour la FIV (environ 12 000 $ à la base). Elle conseille également de réfléchir aux tests facultatifs que les cliniques proposent au début des démarches. « On est deux personnes économes, donc on ne voyait pas la nécessité de payer pour ça, ou de rajouter des délais en allant au public, se rappelle-t-elle. Mais avec le recul, on a réalisé que les tests permettent de détecter et de régler certains problèmes en amont. » Ils peuvent donc se révéler plus économiques à long terme... et éviter beaucoup d'angoisse.

Trois mots-clés : soutien, communication, confiance

Jeanne est formelle : une des meilleures décisions que Clara et elle ont prises, dans la période la plus houleuse, a été de consulter un psychologue qui suit des couples en procréation assistée. « En fertilité, l'approche est très, très médicale : on ne parle pas de soutien psychologique, on n'en offre pas non plus. » Devant la difficulté des premières étapes, le couple a dû, lui-même, prendre l'initiative de chercher de l'aide, et travailler fort pour trouver des ressources de soutien. « C'est vraiment important, insiste Jeanne. Mais actuellement, c'est quelque chose qu'on doit s'attendre à aller chercher seul. »

Un autre élément crucial aux yeux de Jeanne : la qualité de la communication. Communication, d'abord, avec le médecin, afin de discuter des étapes à venir en toute transparence et d'obtenir les renseignements nécessaires pour un choix éclairé : « En FIV, notre médecin était super humaine, raconte-t-elle. Elle était convaincue que ça allait marcher parce qu’elle avait les statistiques en main, et ça nous a aidées à moins douter. » Communication, aussi, au sein du couple : tout au long des démarches, même quand ça n'allait pas, Jeanne et Clara ont maintenu un dialogue et se sont assurées d'être d'accord à propos de la suite des choses. Pouvoir se fier à l'autre et au processus est essentiel : « Il faut vraiment, vraiment avoir confiance pour faire tout ça. »

Planifier un projet : les bonnes pratiques

Peu importe votre revenu de base, mettre en branle un projet à long terme comme celui de Jeanne et Clara passe par trois étapes essentielles :

  1. Établir un budget qui tient notamment compte du coût estimé pour le projet, du temps visé pour sa réalisation et du montant déjà épargné.
  2. Choisir un véhicule d'épargne adapté au type de projet. Dans un cas qui compte plusieurs inconnus, et où des surprises peuvent survenir, il est conseillé de se tourner vers une solution flexible qui permet d'effectuer des retraits sans frais en tout temps.
  3. Élaborer une stratégie d'épargne facile à suivre. L'épargne automatique est une option intéressante : le débit d'un montant fixe à chaque paie permet de déterminer quand votre objectif sera atteint, et de mettre de l'argent de côté sans stress en respectant vos capacités financières.

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Notes
1 Tous les noms contenus dans cet article ont été changés afin de respecter la vie privée des participants qui nous ont généreusement partagé leur histoire.
 
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