COVID-19 : qu'est-ce que la crise nous a appris?

On vous partage des constats, réflexions et apprentissages découlant de l'arrivée de la pandémie dans nos vies, grâce au témoignage de quatre Québécoises et Québécois.

Par Fonds de solidarité FTQ

Article publié le 2020-09-01 | Mise à jour le 2020-09-04

Du jour au lendemain, notre quotidien a changé. Fermeture des écoles, télétravail, port du masque, distanciation physique, perte d'emploi… la pandémie a frappé tout le monde, bien au-delà de la maladie. On s'est entretenu avec Annie qui travaille dans le domaine de la santé, avec Éric qui est travailleur autonome, avec Rébecka qui a eu la chance de garder son emploi, ainsi qu'avec Cyril qui a appris à conjuguer télétravail et enfants. Voici ce que la pandémie de COVID-19 leur a appris sur la gestion du stress, la conciliation travail et vie personnelle, leurs finances, leur consommation et leur capacité d'adaptation.

01Trouver de nouvelles manières de décrocher

Tous font un même constat : c'est une crise psychologiquement difficile à vivre. La pandémie les a forcés à s'isoler et à affronter l'inconnu et l'incertitude.

Comme elle travaille dans un hôpital, Annie, 28 ans, a vu son stress quotidien décupler, alors que tout s'est accentué : charge de travail, anxiété des patients et peur de contracter le virus et de le transmettre. « Ce fut difficile à gérer! La crise m'a amenée à être plus dans le moment présent, à trouver de nouvelles stratégies pour décrocher du travail et pour gérer le changement et l'inconnu », dit-elle.

Ce manque d'échappatoire, Rébecka, 36 ans, l'a aussi vécu : « Ce que j’ai trouvé le plus difficile, c'est de faire un peu une croix sur les voyages, la vie culturelle et sociale, les sports d'équipe et de ne pas avoir de soupape d'évacuation. Découvrir les ruelles de mon quartier à pied, ça m'a permis de changer d'air, de m'évader. »

02 Réévaluer sa vision du travail

Arrêt temporaire, télétravail, virage numérique… le monde du travail est en pleine évolution. « La pandémie a changé ma vision du travail et même la place qu'occupe ma carrière dans ma vie, affirme Rébecka. J'ai plus de flexibilité dans mon quotidien, tout en accomplissant mes tâches professionnelles. Ça me permet un meilleur équilibre, de vivre moins de stress. Ce serait difficile de retourner en arrière! »

Éric, 28 ans, Montréal.

De son côté, Éric se permet aussi plus de flexibilité qu'avant. « Mon travail est loin d'être essentiel, lance-t-il. Je ne changerai pas le monde, mais j'aime ce que je fais. Avant, je m'imposais une certaine routine pour être productif. Là, j'ai compris que je peux faire beaucoup de choses de chez moi, que je peux me permettre plus de latitude ».

Pour Cyril, 45 ans, le gain de temps de qualité avec ses enfants et la réduction du stress liée au fait de ne plus courir pour être à l'heure au bureau ou à l'école a largement compensé les défis du télétravail avec des enfants à la maison. « On ne peut pas tout faire en même temps. Rapidement, j'ai décidé de bloquer mes heures de dîner pour les passer avec mes enfants, au lieu de travailler. Ça a fait une grande différence! » Selon lui, il faut aussi accepter notre nouvelle réalité : « quand ta petite fille de 7 ans surgit en plein milieu d'une vidéoconférence pour te montrer son dessin, tu ne t'en gênes pas! »

« Comme je suis dans le domaine de la santé, on m'a demandé de travailler beaucoup plus, alors que tout le monde s'est retrouvé dans une situation précaire, résume pour sa part Annie. Ça a été difficile, mais ça m'a aussi fait apprécier encore plus la chance que j'ai d'avoir un emploi stable et garanti, ça a pris tout son sens. »

03Avoir des objectifs d'épargne clairs et adaptés à sa réalité

Pour Annie et Rébecka, l'arrivée de la crise sanitaire a forcé une réévaluation de leurs objectifs d'épargne. Après l'achat de son triplex, Annie souhaitait investir dans sa propriété et partir en voyage. Aujourd'hui, elle avoue que sa principale motivation à épargner est sa sécurité financière. « J'ai la chance d'avoir un emploi permanent avec un fonds de pension, mais depuis qu'on vit avec la pandémie, tout me semble incertain. L'arrivée de la crise m'a vraiment motivée à avoir un coussin financier plus important, conclut-elle. »

De son côté, Rébecka, prévoyait s'acheter une nouvelle maison. Dans le contexte actuel, elle préfère mettre ce projet sur la glace, ce qui a un impact sur sa volonté à épargner. « Il me faut un objectif très clair pour parvenir à épargner. En décidant de repousser un peu l'achat d'une propriété, j'ai perdu de vue mon objectif et j'ai épargné moins dans les derniers mois. »

Rébecka, 36 ans, Montréal.

À l'inverse, la pandémie a été synonyme d'économies pour Cyril. Un voyage de famille annulé lui a permis de mettre plus d'argent dans les régimes enregistrés d'épargne-études (REEE) de ses enfants et de rembourser davantage son hypothèque. Il a donc décidé de profiter de sa réduction de dépenses actuelle pour augmenter son épargne à long terme.

Âgé de 28 ans, Éric n'a pas de stratégie d'épargne bien définie. Il ne fait pas de budget et ne possède pas beaucoup de placements. À titre de travailleur autonome, il réévalue chaque année ce qu'il est en mesure de mettre dans son REER ou son CELI.

Il considère d'ailleurs que sa santé financière repose sur une seule règle : être en mesure de vivre trois mois sans rentrées d'argent et avec les mêmes dépenses. C'est une règle qu'il applique autant dans son entreprise que pour lui-même et dont il a pu constater les bienfaits depuis le mois de mars.



04Prioriser l'achat local

Un sujet très présent au Québec pendant la pandémie, l'achat local semble s'être consolidé auprès des adeptes en plus d'en rallier de nouveaux. « Pour tout ce qui est culturel, je ne regarde pas le prix, et je mets mon argent dans le local, affirme Éric. Pour les biens personnels, je préfère acheter d'occasion. Mais avec la crise, j'ai décidé de soutenir des commerçants d'ici, des gens que je connais, en achetant plutôt du neuf. » Pour sa part, Rébecka voit à présent la consommation comme un pilier important de l'économie d'ici. Dans les derniers mois, elle a augmenté volontairement ses achats auprès d'entreprises québécoises.

« Savoir que le produit que je choisis d'acheter peut contribuer à sauvegarder des emplois ici a été un moteur important pour consommer local. Je pense qu'on se rendait moins compte de cet aspect avant… l'achat local est devenu un objectif collectif. »

05Apprivoiser une nouvelle réalité

Collectivement, on s'adapte à une toute nouvelle réalité. Aller au restaurant, consommer notre culture, inviter des amis à la maison, voyager (au Québec!), magasiner… tout ce qu'on fait, on le fait différemment.

D'ailleurs, Éric a rapidement réalisé que « déconfinement » n'était pas synonyme de «  retour à la normale ». C'est ce qu'il trouve le plus difficile aujourd'hui. « En travaillant, je croise beaucoup de personnes et, puisque mon père est plus âgé, je ne veux pas le voir et le mettre à risque inutilement, témoigne-t-il. »

Si le déconfinement a aussi permis à Annie de revoir sa famille immédiate et quelques amis, ce sont les contacts humains qui lui manquent. Elle a hâte de les serrer dans ses bras en toute sécurité.


Au bout du compte, le plus grand apprentissage de la COVID-19 est probablement la résilience. Une chose est certaine, la pandémie a mis en lumière notre capacité d'adaptation et notre solidarité. Elle nous a poussés à penser autrement, à aborder de manière différente notre rapport au quotidien, au travail, à l'argent et à l'autre, et ce, peu importe notre statut et notre âge. Comme quoi même les plus grandes crises peuvent entraîner des effets positifs.

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